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Jean-Max voulait écrire une histoire du CAM. Il a consulté les membres les plus anciens du CAM pour l’aider à rédiger cette histoire.

Je l’ajoute à l’histoire du Meccano car aujourd’hui, les deux sont indissociables.

 

HISTOIRE DU CLUB DES AMIS DU MECCANO

Par Maurice Perraut et Claude Lerouge

 

Tout a commencé en 1938, grâce à un simple souvenir. Imaginez ?

C’est ce que je m’étais promis, à la perspective de la parution de cette exceptionnelle publication Hachette concernant cette mythique grue, magnifique super modèle, le rêve de tous les constructeurs et collectionneurs Meccano. Je vais donc vous dévoiler et même, vous conter cette période de liesse sous ses différents aspects qui ont incité à sa fondation.

Cette « honorable coupable » n’est autre que cette toute petite boîte de Meccano reçue en 1938 et fut de tous mes voyages et séjours passés hors de France. C’est ainsi qu’elle m’accompagna en Côte d’Ivoire la trouvant d’ailleurs bien chétive au regard de cette grande et belle boîte que possédait un camarade. Elle me suivait encore en Tunisie et le malheur arriva ce jour de 1942 où me vint l’idée de restaurer ses pièces devenues très altérées par les différents climats.

J’entreprenais cette opération dans la certitude de ne pouvoir trouver aucune autre pièce dans ce bled perdu au milieu de nulle part où il était plus courant d’entendre parler de bourricots, de mulets, d’arabas que de Meccano ! Et c’est en me voyant à l’œuvre que ma mère, sur un ton furieux, me demandait si je n’avais pas honte de m’amuser encore au Meccano à mon âge ; j’avais douze ans ! Sans commentaire… ce qui valut à ma boîte de disparaître instantanément à tout jamais !

Mais ce ne fut que peine perdue car le souvenir de ce jeu, loin de s’effacer me poursuivait au point de me remettre au Meccano sans en accepter dès lors le moindre reproche en cette fin d’année 1966. Mon premier objectif fut de rechercher des manuels d’instructions aux fins de pouvoir apprécier à leurs justes valeurs les innombrables possibilités qu’offrait ce jeu scientifique ce qui m’avait été impossible à l’époque de ma petite boîte en raison notamment de la maigreur des documents dont je disposais.

Une annonce passée à cet effet dans une revue à grand tirage devait non seulement m’apporter des résultats non négligeables mais une surprise de taille s’apparentant à un véritable miracle ! J’entrai en relation avec un vétéran dans ce domaine Meccano, qui nous a malheureusement quitté depuis et à qui je rends ici un hommage tout particulier : Georges Perrard. Certains anciens du Club eurent d’ailleurs de connaître cet homme hors du commun.

Quelques échanges de correspondance suffirent à nous lier d’une profonde amitié et Georges me proposa de m’épauler dans mes recherches ce qu’il fit aussitôt en employant les grands moyens et – je tiens à le souligner – de façon tout à fait désintéressée. Le fait d’être domicilié dans la capitale et de s’y être approvisionné en Meccano avant-guerre constituait pour Georges un atout majeur qu’il ne manquait pas de mettre à profit. Ne devait-il pas me consacrer la majeure partie de son temps à visiter ses anciens fournisseurs et bien d’autres marchands de jouets et jeux scientifiques susceptibles de détenir des produits Meccano périmés mais qui ne pouvait que me combler ayant contracté entre temps le virus du collectionneur. Une énorme tâche l’attendait au prix d’un dévouement et d’une générosité sans borne à mon intention.

Un autre avantage fort appréciable et qui détrônait les résultats obtenus par annonce fut celui d’acquérir par ce procédé de visite que du matériel strictement neuf. Il en gisait encore dans les tiroirs ou présentoirs de certains négociants depuis… 1924, comme il le fut constaté. Georges me faisait parvenir régulièrement des listes de ce qu’il avait repéré ici et là et je n’avais que la peine de faire mon choix. Je me détournais néanmoins (et stupidement je l’avoue maintenant) des productions annexes au jeu purement scientifique tels que les Trains Hornby, les Dinky Toys, les boîtes d’Avions comme d’Auto, Elektron etc.… qui pourtant existaient parfois dans les stocks d’invendus.

La tentation très forte de rencontrer ce divin correspondant qu’était Georges Perrard m’incita à lui rendre une première visite en 1967 suivie de plusieurs autres tout autant appréciées. Au cours de l’une d’entre elles j’eu l’honneur de me rendre en sa compagnie à l’usine Meccano de Bobigny où je fis connaissance de monsieur Gérard qui avait été, en sa qualité d’ingénieur électricien, à l’origine du moteur de 20 Volts qui vit le jour en 1949.

Mais l’incroyable allait se produire ! En effet , nos démarches conjuguées ; visites rendues par Georges aux négociants, annonces passées par mes soins puis par Georges qui devait m’imiter, lui ayant fait part de ce procédé qui était porteur de résultats substantiels, réception chez Meccano par Monsieur Gérard, qui propagea lui-même notre existence (ce que nous apprenions par la suite) produiront des échos qui ne laissèrent pas indifférents, dans un premier temps, trois autres passionnés Meccano que nous

ignorions évidemment totalement et qui d’ailleurs s’ignoraient entre eux : Michel Delannoy, Yves Flamand (un précurseur dans la construction des manèges d’autos tamponneuses) et Ulysse Bachelard, un suisse, qui lui était bien connu des Ets Meccano de Bobigny.

Les choses devenaient sérieuses en comptabilisant en cette année 1968 ces cinq mordus de ce jeu débusqué en France ! A cette initiative cette « grande famille » se trouvait réunie par Georges dans son appartement du 20ème arrondissement et une ambiance euphorique que nous n’aurions pu imaginer.  

 

         

 

 

Les trois images qui complètent cet historique témoignent de cette atmosphère qui, pour le moins, n’engendrait pas la morosité !

D’autres réunions suivirent toutes aussi empreintes de cette liesse qui caractérisèrent les précédentes lorsque malheureusement la vie nous sépara en 1970. Il disparut ensuite définitivement de la scène Meccano. Dans l’intervalle notre petit groupe s’était enrichi de quelques autres fanatiques de ce jeu Meccano et voulant éviter que cette nouvelle situation ne ternisse cette merveilleuse ambiance dont ils venaient d’être à leur tour imprégnés, je me risquais à combler le vide créé par la perte de Georges.

Dans un premier temps nous fumes néanmoins contraints d’observer une trêve sur le plan des réunions mais la propagation de notre existence ne faisait par contre que s’amplifier avec pour heureuse conséquence le « recrutement » de nouveaux adeptes de ce jeu. Cet état de fait des plus prometteurs faisait office de déclencheur pour concrétiser mon rêve d’organiser une réunion d’amis Meccano dans la région lyonnaise. Cette première se tenait en 1972 dans mon appartement de Vernaison suivie d’une seconde en 1973. Elles furent couronnées de succès en dépit de la dispersion géographique des participants venus honorer ce coup d’essai ! Cette ambiance de joie retrouvée me libérait d’une autre intention dont je leur faisais part ; celle de nous regrouper au sein d’une Association qui fut une idée approuvée instantanément et sans réserve.

J’entamais dés lors à cet effet les démarches indispensables auprès de la Société Meccano afin d’obtenir l’autorisation de faire figurer dans la dénomination de cette association ce célèbre nom Meccano sans lequel elle n’aurait eu aucun sens. Je me trouvais confronté aux exigences de monsieur Hennequin président directeur général de la société de l’époque bien connu pour ne pas être particulièrement indulgent. Je dus me rendre à cette évidence car cette autorisation me fut accordée à la suite d’un échange de correspondances qui ne dura pas moins de six mois et sous de strictes conditions à respecter à la lettre.

Les statuts de l’Association rédigés par notre regretté André Engel, et préalablement visés par monsieur Hennequin étaient déposés en préfecture du Rhône fin 1973 et notre association avait les honneurs du Journal officiel du 4 janvier 1974 sous le nom de : CLUB DES AMIS DU MECCANO. Mon idée avait fait son chemin, le Club existait. Voici donc la partie historique « pré Club » retracée, je vais passer le relais à notre ami Claude Lerouge qui avait rejoint notre groupe en 1971 et bien connu pour m’avoir succédé à la présidence du Club en 1999, qui va évoquer ses nombreux et passionnants souvenirs.

 

 

                                                                                                                                                                                  Maurice Perraut CAM 0001

 

Si vous le voulez bien, remontons le temps ensemble jusqu’à la fin de 1944, quelques mois après la libération de Paris. Mon père m’emmène alors passage du Havre, un samedi après-midi, près de la gare Saint Lazare à Paris pour y acheter des pièces Meccano. C’est qu’il ne se vend plus de boîtes complètes. La pénurie de fer en empêche la commercialisation. Nous ne pouvons récupérer que quelques pièces rouillées, des bandes, des cornières et quelques autres pièces disparates. Mais pas une seule pièce en laiton n’est disponible. Après que mon père les eut grattées, repeintes aux pinceaux avec de la peinture dorée pour fourneaux, elles rejoignent les pièces du Meccano de mon oncle que je possède déjà. On les avait récupérées dans les Ardennes après le départ de l’occupant, puis le pillage en règle de la maison des grands parents réquisitionnées jusqu’en 1942.

C’est ainsi que j’ai pu commencer à rêver devant les manuels et surtout devant les notices de super modèles d’avant-guerre. La grue pose blocs de béton n° 4 était alors mon « phantasme » régulier et préféré. Ce fut le début de mon aventure en Pays Meccano. Il n’y eut pas moyen de se procurer les pièces que l’on désirait jusqu’en 1950, le contingentement du métal était très rigoureux. Je me souviens vers 1948, d’avoir emmené deux copains de classe avec moi à la Source des Inventions boulevard de Magenta pour y acheter chacun douze boulons. C’était la quantité maximum par personne. En 1950, je pus me procurer ma première boîte d’engrenages « B » dont j’étais très fier. Mais je dus stopper définitivement mes activités « Meccaniques » pour cause d’études en 1951.

En 1967, marié, père de famille, au premier Noël de mon fils, le cadeau de son parrain devait consister en la boîte Meccano n° 1 de telle manière qu’avec les boîtes complémentaires des années suivantes il puisse se constituer un beau matériel pour ses dix ans. Mais le parrain généreux apporta la boîte n° 7. Ce fut moi (évidemment !) qui l’ouvris et qui me dis qu’avec ce que je possédais déjà, et qui était conservé pieusement chez mes parents, je pourrais compléter la boîte n° 8 … Le doigt était passé dans l’engrenage et ne pourrait plus jamais en ressortir. Ce fut le début de ma seconde aventure Meccano.

Par la suite, je retournais boulevard des Capucines à Paris où se trouvait la boutique Meccano. J’y retrouvais la dame qui nous fournissait si chichement après-guerre. Je m’y procurais des pièces détachées et une boîte « Meccano Elec » qui venait de sortir. C’est grâce à cette dame que j’eus le culot de me présenter à l’usine qui se trouvait à Bobigny. On m’y dit qu’il existait des « fondus » de Meccano qui construisaient des modèles merveilleux ; Ils me donnèrent l’adresse de Central Train rue de Réaumur qui était à l’époque le grand revendeur de Meccano. J’y appris l’existence de clubs étrangers principalement anglais, d’un grand constructeur italien (Servetti) qui mettait sur le marché des répliques de pièces dont la production avait cessé, d’un constructeur suisse qui venait souvent les voir. Ma frénésie de construction commença à ce moment. Ce n’était pas facile car j’étais en pleine activité et mon métier ne me laissait guère de loisirs. Mais j’avais tellement envie de cette grue n° 4 et surtout de construire des horloges qui sonnent !

En 1970, j’achetai la boîte n° 9A qui me donnait accès au n° 10. Cette boîte était tellement belle que je n’osais en démolir l’ordonnancement pendant plusieurs jours avant d’en récupérer les pièces. Un peu plus tard en 1971, une petite annonce, reproduite plus haut, parue dans le journal l’Aurore m’interpella vigoureusement. Coup de téléphone immédiat, rendez-vous est pris avec un certain monsieur Perraut qui acceptait de venir à la maison. J’étais super content car je cherchais partout (revendeurs, puces, brocantes) un grand roulement à galets pour la dragline super modèle que je voulais construire. J’allais pouvoir lui demander de m’aider à m’en procurer un !

Je me souviens très bien de son arrivée chez moi. Sa première phrase fut « Je ne me suis pas trompé d’étage en tout cas ! ». En face de la porte d’entrée trônait la pendule super modèle n° 14A que je venais de terminer… Bien sûr ma demande de roulement à galets fut vite réprimée par « vous ne pensez tout de même pas mettre dans un modèle une pièce de collection de grande valeur ! ». Ce jour-là, j’appris énormément de choses sur le système Meccano et sur ses idées de fonder un club d’amis du Meccano et peut être d’y adjoindre un musée.

Début 1972, une invitation envoyée par Maurice Perraut nous conviait à une réunion à Vernaison en Avril. Nous ne fumes qu’une poignée à cette manifestation, mais nous avons tous senti, ce jour-là, que ça n’allait pas en rester là et que « l’avenir nous appartenait » ! 

C’est à cette occasion que je découvris une chose très importante. Les adorateurs du Meccano étaient de deux espèces : les collectionneurs et les constructeurs. Ce furent d’ailleurs ces derniers qui eurent l’idée de se regrouper pour pouvoir rencontrer le plus grand nombre de gens possible afin d’agrandir leur champ d’investigation. Leur soif était alors insatiable. C’est qu’à cette époque il y avait énormément de Meccano ancien stocké depuis la guerre dans des greniers où des arrière-boutiques. Ces assoiffés de la belle pièce faisaient ainsi ressortir le Meccano de son oubli. Car pour une pièce ancienne convoitée retrouvée au milieu d’un stock, que de pièces pouvaient contenter les constructeurs que nous étions ! C’est ainsi que nos deux espèces se nourrissaient l’une l’autre. Collectionneurs et constructeurs se complétaient en se rendant service mutuellement.

Dans une brocante parisienne, je trouvai un jour plusieurs canots Hornby en parfait état dans leur boîte d’origine qui firent le bonheur de notre ami Robert Goirand et en retour lui me procura un bon nombre de pièces détachées. C’est un an plus tard après la seconde réunion à Vernaison qu’allait être créé le Club des Amis du Meccano. C’est à l’occasion de cette réunion que je fis la connaissance de Paul Belgodère qui vint s’y présenter. Paul était un agrégé de mathématiques directeur de la bibliothèque de l’institut Henri Poincarré à Paris. Nous nouâmes des liens étroits avec lui et sa femme Odette. C’était un puits d’érudition et il nous aida beaucoup dans l’approfondissement de nos connaissances « Meccaniques ». Il était un fervent collectionneur et courait toutes les brocantes de la région parisienne. Il y trouvait un grand nombre d’objets de valeur. Il construisait très peu cependant. Lui aussi me permit d’augmenter mon stock de pièces détachées. En même temps que Paul Belgodère nous fîmes la connaissance d’un ami de Maurice Perraut : Raymond Franceuse. Raymond était un grand connaisseur de Meccano, constructeur et collectionneur. Mais son handicap l’empêchait de travailler et ses très faibles revenus de se procurer les pièces de collection dont il rêvait. Il éditait un « Fanzine » depuis plusieurs années où il écrivait des articles très documentés à la fois sur le système Meccano, l’armée et les transports (ferroviaires, aériens, terrestres et maritimes). Son journal était entièrement fait à la main : calligraphié et illustré de photos collées. Lui aussi fut un ami très cher que nous aimions aller visiter en fin de semaine. C’était un voisin de Michel Delannoy, l’un des membres fondateurs de notre club. Grâce à lui il put se rendre en Angleterre à Henley on Thames ou se tenait une exposition de modèles Meccano prestigieuse organisée chaque année par Geoff Wright le propriétaire de M.W. Models qui était devenu un de nos principaux fournisseurs de pièces détachées (surtout en ce qui concerne les répliques de pièces obsolètes).

 

 

Aux deux premières réunions de Vernaison j’avais bien sûr remarqué et admiré un invité de marque. Il nous fut présenté comme un ami de la première heure et un constructeur hors pair de modèles très élaborés. Il s’agissait d’Ulysse Bachelard. C’était un Zurichois. Il fréquentait régulièrement la Maison Meccano où il avait ses grandes et petites entrées. C’était réellement la vedette de ces réunions. Déjà sa tenue le distinguait. Il portait en toute circonstance, été comme hiver, un short d’athlétisme (rouge l’hiver et blanc l’été), chemisette blanche et chaussures de montagnard. Sa façon de parler avec un rude accent zurichois accentuait encore la sûreté de son propos sur la qualité de ses constructions. Il utilisait volontiers le mot de « ferraille » pour les autres modèles qu’il apercevait. Mais, c’était quand même un personnage très attachant et qui s’attachait facilement.

C’est ainsi qu’il me fit l’honneur de répondre à ma première invitation. Un soir où je n’osais évidemment pas lui montrer mes réalisations qui n’étaient évidemment pas dignes de lui, il amena avec lui un bogie de grue pose blocs, parfaitement bien construit. Ce soir-là je pris (réellement) une leçon de construction meccano. Il est certain que je n’ai plus construit de la même façon après. Equerrage, serrage, utilisation des pièces devinrent plus réfléchis. Je sus grâce à lui détailler les principes fondamentaux de réalisation d’un modèle Meccano parfaitement fonctionnel. De ce jour nous devînmes inséparables. Il est vrai que j’habitais alors à cent mètres de la Société Meccano et qu’il y venait souvent… Nous prîmes donc l’habitude de son coup de sonnette à huit heures du matin et étions très honorés de lui offrir le petit déjeuner avant de conduire les enfants à l’école et de partir pour le travail.

Toujours en début 1974, un de nos amis présents dès le début à Vernaison nous fit le plaisir de nous réunir pour notre premier congrès à Poitiers. Jacques Olivet nous invita à passer deux jours chez lui pour célébrer meccano. Ce fut le premier congrès officiel du C.A.M. Nous n’étions que dix membres présents, mais quel enthousiasme ! Les conversations, les échanges d’informations entre collectionneurs et constructeurs se continuèrent tard le soir.

 

 

Claude Lerouge et Ulysse Bachelard                                           Les congressistes à Poitiers en 1974

 

Le dimanche après un banquet bien sympathique, nos femmes présentent furent célébrées par un toast les remerciant de leur participation, leur patience (et il leur en faut !) et leur compréhension. Notre hôte nous présenta ses modèles. Certains avaient apporté les leurs ainsi que des pièces détachées anciennes, de la littérature et même un présentoir Meccano qui en fit « baver d’envie » plus d’un. Mes visites à la Société Meccano, celles d’Ulysse Bachelard et Paul Belgodère eurent pour effet de sensibiliser le staff à notre club. Le directeur commercial monsieur Chanu se trouva intéressé par notre action. Moi, j’avais ma petite idée derrière la tête et mon but était de leur faire admettre d’organiser le prochain congrès de 1975, rue du Maroc en plein sanctuaire Meccano. Petit à petit l’idée se concrétisa et c’est comme cela que je pus organiser la réunion de l’Ascension dans les locaux de Meccano.

J’en profitais pour inviter nos amis rédacteurs anglais du « Meccano Engineer » Mike Nikolls et Paul Smith. Dans la foulée j’invitais aussi le grand constructeur Bert Love à venir nous rejoindre. Je fus très heureux de leur acceptation à tous les trois. Bill Roberts, sa femme et son fils nous firent également le plaisir de venir à paris. Les deux journées de notre congrès restent un très grand souvenir pour ceux d’entre nous qui les ont vécues.

Maurice Perraut eut des discussions nombreuses (et difficiles en franglais) avec Bert Love. Les modèles apportés, les documentations et les représentants de Meccano nous apportèrent de conséquentes informations.

Nous y fîmes la connaissance d’un nouveau membre qui était Georges Gombert. Il avait apporté avec lui un calendrier perpétuel qui fit notre admiration et particulièrement celle de Bert Love qui devait le décrire un an après dans le Meccano Magazine anglais. Georges était alors un artisan réparateur, concepteur de matériel audio-visuels et horlogers.

 

 

             Georges Gombert et deux calendriers perpétuels                       Claude et Jean-Paul Lerouge, Claude Gobez et Paul Belgodère

 

 

Il avait de l’or dans les doigts et était d’une précision extrême. Il nous parla ce jour-là d’un appareil étrange qu’il était en train de construire : un comput ecclésiastique. Il tenta de nous en expliquer le principe de fonctionnement mais nous fûmes complètement dépassés par sa démonstration… Il devait devenir un de nos meilleurs amis et un de nos maîtres à penser. Les années suivantes, ce fut lui qui nous apprit l’horlogerie Meccano et qui me permit (ainsi qu’à Claude Gobez) de réaliser les horloges Meccano que nous devions avoir la joie de construire par la suite. Il venait alors souvent à Paris et nous étions très heureux de le recevoir car il s’intéressait réellement à ce que nous faisions et nous abreuvait toujours de très bons conseils pour nos constructions. Ce congrès de Paris se termina dans l’enchantement et nous montra la voie à suivre pour les années suivantes. Ce fut à partir de cette année là que le Club des Amis du Meccano démarra réellement et prit ensuite l’envol que l’on sait.

Fin aout 75, Paul Belgodère et Odette, Ulysse Bachelard, Charles Brocard et son épouse, ma femme et mes enfants nous retrouvâmes à Henley pour l’exposition annuelle. Ce fut pour moi la découverte d’une exposition magnifique, grandiose, très fréquentée, pleine de modèles très élaborés. De nombreux collectionneurs étaient présents ainsi que la Société Meccano anglaise qui présentait ses productions.

Cette manifestation parfaitement annoncée dans la presse, avec des affiches en ville et des fléchages drainait un nombre considérable de visiteurs. Au fond de nous-mêmes, nous nous demandions si nous pourrions en faire autant en France (mais nous n’allions pas tarder à en relever le défi !). Nous profitâmes de cette réunion pour affiner nos relations avec nos amis anglais. Nous devions nous revoir souvent les uns les autres au cours de nos voyages respectifs et ce pendant encore de très longues années.

La fin 75 et le début 76 furent actifs puisque de nombreux sympathisants se manifestèrent et s’inscrivirent à notre Club. Ce fut l’occasion pour nous en Ile de France d’étendre notre champ d’action. Paul Belgodère fut le premier à organiser des réunions de membres à son domicile. Madame Belgodère nous préparait alors de superbes tartes aux pommes tandis que nous discutions ardemment de Meccano parmi les trésors amoncelés par Paul. Malheureusement mai 76 vit la disparition prématurée de notre grand ami Raymond Franceuse.

C’est bien orphelin que nous nous rendions cette année-là à l’exposition que Maurice Perraut organisait dans les locaux de son auto-école à Brignais. Nous n’étions pas encore très nombreux mais un article paru dans « Le Progrès » nous amena, à notre grande surprise, un certain nombre de visiteurs fort intéressés et impressionnés. C’est que nous étions déterminés à élargir nos congrès et à les transformer en expositions nationales. Cela fut fait grâce à deux membres de Nancy, Messieurs Raymond et Didier qui organisèrent la première exposition vraiment publique dans les Galeries Poirel l’année suivante en 1977.

 

              Aimé Jordan à l’exposition de Nancy                           Maurice Perraut, Bert Love, Mmes Love et Roberts à Paris en 1975

 

Nous pûmes mesurer l’impact du système Meccano sur le public puisque la foule vint nombreuse à cette exposition. Maurice Perraut eut ainsi la surprise d’y rencontrer un visiteur d’âge respectable monsieur Pierre Chardot. Celui-ci se promenait dans les allées avec un fascicule ancien qui prouvait qu’il avait été le premier prix du premier concours international organisé par la Société Meccano en 1914. Son prix de vingt Louis d’Or lui fut alors remis à Verdun !

La Société Meccano y avait délégué monsieur Delalin avec de superbes modèles animés et de vitrines. De nouveaux constructeurs nous firent profiter de réalisations très intéressantes. Je ne citerai qu’Alex Garcia, artiste peintre original dont les modèles étaient toujours très artistiques, Aimé Jordan qui n’avait peur de rien et construisait des modèles gigantesques et Jacques Thibault d’une activité toujours débordante. Le bilan de ces journées fut très positif pour le club qui décida de continuer dans cette voie.

Mais le challenge fit peur à beaucoup et en 1978 personne ne se décida à retenter l’expérience. Je me joignis donc à Paul Belgodère qui nous accueillit deux jours pour un nouveau congrès dans les locaux de la bibliothèque de l’institut Henri Poincarré. Toujours le même enthousiasme et la même satisfaction.

C’est à André Barbe que nous devons la deuxième grande exposition qui se tint à Voiron en 1979. Exposition devenue internationale par la grâce des membres anglais venus en nombre, aux italiens et à notre suisse emblématique. D’année en année notre exposition s’étoffait et les complexes que nous éprouvions en 75 vis-à-vis de l’exposition de Henley disparaissaient peu à peu chaque année. Le succès s’affirmait régulièrement. Les articles de journaux et le nombre de visiteurs en témoignaient aisément. Dès Voiron notre ami Aimé Jordan put annoncer la prochaine exposition chez lui à Altkirch en 1980. Là aussi le succès fut à la hauteur de nos ambitions et était finalement le résultat du dévouement des membres qui n’hésitaient pas à promouvoir le Club tout au long de l’année.

Finalement notre aventure au sein du Club des Amis du Meccano fut, en fait, surtout le produit de rencontres humaines. Des relations de forte amitié dans certains cas, en tout état de cause des rencontres fructueuses pour chacun. Tous ces hommes qui ont fait le CAM ont à leur manière apporté une pierre à l’édifice, chacun dans son domaine. Les constructeurs et les collectionneurs, deux espèces différentes pourtant, se sont complétées et forment maintenant une seule entité : Les amis de ce système Meccano qui nous a fait tellement rêver et qui nous réunit maintenant depuis 44 ans et je l’espère, pour les nouveaux membres, pendant encore de nombreuses années.

 

                                                                                                                                                                                                                               Claude Lerouge CAM 0019

 

SUITE DE L’HISTOIRE DU CLUB DES AMIS DU MECCANO

Par Jean Max Esteve, Claude Gobez et Jean-François Nauroy

 

Adhérent du Club des Amis du Meccano depuis 1977, je n’avais de cesse de trouver des pièces dorées, alors que depuis 1969 elles n’étaient plus fabriquées. Par le plus grand des hasards, furetant dans les rayons d’un grand magasin situé face au pont Neuf à Paris, je fus amené à me promener au deuxième étage aux rayons des jouets. Surprise, mes yeux découvrirent une grande armoire dotée de deux vitrines à l’intérieur desquelles se trouvaient des pièces détachées de Meccano. C’est à cette occasion que je fis la connaissance d’une dame spécialiste de cette discipline, madame Simone Lessard, aussi grande que son armoire Meccano et tout aussi avenante.

Bien évidemment mes visites à la Samaritaine au rayon Meccano furent nombreuses, et c’est ainsi que petit à petit des liens se tissèrent, et qu’un jour, au mois de mai 1982, ensemble, nous sommes allés visiter l’exposition qu’organisait monsieur Dromard pour le Club des Amis du Meccano. A la fois constructeur et collectionneur, je cherchais par tous les honnêtes moyens à en savoir plus sur l’histoire du Meccano, et surtout je désirais connaître les personnes fabriquant ces magnifiques modèles pour les vitrines des Grands magasins. Rendez-vous fut pris par madame Lessard auprès des ingénieurs monteurs de la rue du Maroc, et c’est ainsi qu’un mardi en février de l’année 1984 je fus accueilli fort aimablement par les frères Delalin et madame Francini.

C’était l’époque où ces monteurs démontaient les modèles construits à l’occasion des fêtes de Noël. Quelle dextérité ils avaient. Malheureusement à cette époque la fin des ateliers Meccano à cette adresse d’approchait. Soudain, curieusement d’énormes bruits de ferrailles se firent entendre, regardant par la fenêtre je vis des employés jeter dans une benne d’énormes quantités de ces pièces dorées tant recherchées : grandes cornières, poutrelles plates, plaques rigides, etc. ???...  Permission accordée entendis je, et c’est ainsi que je revins, fortement plus lourd qu’à l’aller, à mon atelier dans le sixième arrondissement.

Les années passèrent, le nom de Jean Esteve Objets. se répandit dans tout l’hexagone, jusqu’à un jour de 1986 où un certain Jean-Stéphane Chappelon me suggéra de créer une section Meccano Francilienne. L’idée fit son chemin, des questions furent posées aux possibles intervenants et c’est ainsi qu’en janvier 1987 la première réunion de la Section Francilienne du Club des Amis du Meccano eut lieu au 3 de la rue Jacques Callot dans le sixième arrondissement à Paris. Par la suite d’autres sections furent créées dans toute la France.

 

                                                                                                                                                                                                                                     Jean Max Esteve CAM 0090

L’HISTOIRE NE S’ARRÊTE PAS

 

En 2000 création de la rubrique : Odeur du Papier, concerne des publications réalisées par les constructeurs-rédacteurs. La notice n°1 que l’on doit à Claude Lerouge fut réalisée à l’époque à la machine à écrire. Tous les textes étaient en recto-verso et les photos étaient simplement collées sur les feuilles A4. Après recherche d’un imprimeur pour obtenir un résultat professionnel, la notice fut reproduite et mise en vente par le CAM sous la présidence de Maurice Perraut en septembre 1981.

La rubrique « Odeur du Papier » fut créée dans notre magazine par Claude Lerouge. A l’origine chacun des membres pouvait vendre ses propres documents. Mais très vite cette liste diminua. Claude propose alors trois autres de ses écrits et en donna tous les droits au Club. Il fut alors décidé que tous ces manuscrits seraient mis en vente uniquement au profit du Club. Puis Jean Max Esteve me transmit des textes de Louis Fouqué, ce qui me permit de réaliser deux autres notices. Moi-même je disposais de très nombreux documents de Georges Quentin, qui aujourd’hui n’ont pas encore tous été publiés. D’autres Amis du CAM ont, depuis permis la réalisation de plus de soixante notices.

La rubrique « Odeur du papier » parait bien souvent en encart dans le magazine. Et aujourd’hui on la retrouve sur le site du CAM – www.club-amis-meccano.net

 

 

                                                                                                                                                                                                                                              Claude Gobez CAM 0072

SUITE ET A SUIVRE

Revue de presse, relations, et les autres clubs :

Il y a dans le monde près de 30 clubs Meccano actifs et les ¾ sont anglophones. Quasiment tous émettent un bulletin. Avec les magazines publiés par des indépendants de l’ISM (International Society of Meccanomen), cela représente environ 500 pages de Meccano tous les trimestres, essentiellement en papier, mais certains éditent et diffusent également des versions PDF de leurs bulletins. Le nombre des adhérents par Club varie entre 50 et 750. Le CAM est le plus important. Le CAM a toujours eu des liens avec les Clubs voisins, Anglais, Italiens, Suisses, Espagnols… se matérialisant notamment par des échanges de magazines. Actuellement le CAM échange avec 11 Clubs. Une revue de presse initiée par Willy Dewulf en 2006 donne le contenu succinct des articles parus dans chaque magazine.

                                                                                                                                                                                                                                    Jean-François Nauroy CAM 1332

 

 

 

 

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