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Jean-Max voulait
écrire une histoire du CAM. Il a consulté les membres les plus anciens du CAM
pour l’aider à rédiger cette histoire.
Je l’ajoute à l’histoire
du Meccano car aujourd’hui, les deux sont indissociables.
HISTOIRE DU CLUB DES AMIS DU MECCANO
Par
Maurice Perraut et Claude Lerouge
Tout a
commencé en 1938, grâce à un simple souvenir. Imaginez ?
C’est
ce que je m’étais promis, à la perspective de la parution de cette
exceptionnelle publication Hachette concernant cette mythique grue, magnifique
super modèle, le rêve de tous les constructeurs et collectionneurs Meccano. Je
vais donc vous dévoiler et même, vous conter cette période de liesse sous ses
différents aspects qui ont incité à sa fondation.
Cette
« honorable coupable » n’est autre que cette toute petite boîte de Meccano
reçue en 1938 et fut de tous mes voyages et séjours passés hors de France.
C’est ainsi qu’elle m’accompagna en Côte d’Ivoire la trouvant d’ailleurs bien
chétive au regard de cette grande et belle boîte que possédait un camarade.
Elle me suivait encore en Tunisie et le malheur arriva ce jour de 1942 où me
vint l’idée de restaurer ses pièces devenues très altérées par les différents
climats.
J’entreprenais
cette opération dans la certitude de ne pouvoir trouver aucune autre pièce dans
ce bled perdu au milieu de nulle part où il était plus courant d’entendre
parler de bourricots, de mulets, d’arabas que de Meccano ! Et c’est en me
voyant à l’œuvre que ma mère, sur un ton furieux, me demandait si je n’avais
pas honte de m’amuser encore au Meccano à mon âge ; j’avais douze ans ! Sans
commentaire… ce qui valut à ma boîte de disparaître instantanément à tout
jamais !
Mais ce ne fut que
peine perdue car le souvenir de ce jeu, loin de s’effacer me poursuivait au
point de me remettre au Meccano sans en accepter dès lors le moindre reproche
en cette fin d’année 1966. Mon premier objectif fut
de rechercher des manuels d’instructions aux fins de pouvoir apprécier à leurs
justes valeurs les innombrables possibilités qu’offrait ce jeu scientifique ce
qui m’avait été impossible à l’époque de ma petite boîte en raison notamment de
la maigreur des documents dont je disposais.
Une
annonce passée à cet effet dans une revue à grand tirage devait non seulement
m’apporter des résultats non négligeables mais une surprise de taille
s’apparentant à un véritable miracle ! J’entrai en relation avec un vétéran
dans ce domaine Meccano, qui nous a malheureusement quitté depuis et à qui je
rends ici un hommage tout particulier : Georges Perrard.
Certains anciens du Club eurent d’ailleurs de connaître cet homme hors du
commun.
Quelques
échanges de correspondance suffirent à nous lier d’une profonde amitié et
Georges me proposa de m’épauler dans mes recherches ce qu’il fit aussitôt en
employant les grands moyens et – je tiens à le souligner – de façon tout à fait
désintéressée. Le fait d’être domicilié dans la capitale et de s’y être
approvisionné en Meccano avant-guerre constituait pour Georges un atout majeur
qu’il ne manquait pas de mettre à profit. Ne devait-il pas me consacrer la majeure partie de son temps à visiter ses
anciens fournisseurs et bien d’autres marchands de jouets et jeux scientifiques
susceptibles de détenir des produits Meccano périmés mais qui ne pouvait que me
combler ayant contracté entre temps le virus du collectionneur. Une énorme
tâche l’attendait au prix d’un dévouement et d’une générosité sans borne à mon
intention.
Un
autre avantage fort appréciable et qui détrônait les résultats obtenus par
annonce fut celui d’acquérir par ce procédé de visite que du matériel
strictement neuf. Il en gisait encore dans les tiroirs ou présentoirs de
certains négociants depuis… 1924, comme il le fut constaté. Georges me faisait
parvenir régulièrement des listes de ce qu’il avait repéré ici et là et je
n’avais que la peine de faire mon choix. Je me détournais néanmoins (et
stupidement je l’avoue maintenant) des productions annexes au jeu purement scientifique
tels que les Trains Hornby, les Dinky Toys, les boîtes d’Avions comme d’Auto,
Elektron etc.… qui pourtant existaient parfois dans les stocks d’invendus.
La
tentation très forte de rencontrer ce divin correspondant qu’était Georges Perrard m’incita à lui rendre une première visite en 1967
suivie de plusieurs autres tout autant appréciées. Au cours de l’une d’entre
elles j’eu l’honneur de me rendre en sa compagnie à l’usine Meccano de Bobigny
où je fis connaissance de monsieur Gérard qui avait été, en sa qualité
d’ingénieur électricien, à l’origine du moteur de 20 Volts qui vit le jour en
1949.
Mais
l’incroyable allait se produire ! En effet , nos
démarches conjuguées ; visites rendues par Georges aux négociants, annonces
passées par mes soins puis par Georges qui devait m’imiter, lui ayant fait part
de ce procédé qui était porteur de résultats substantiels, réception chez
Meccano par Monsieur Gérard, qui propagea lui-même notre existence (ce que nous
apprenions par la suite) produiront des échos qui ne laissèrent pas
indifférents, dans un premier temps, trois autres passionnés Meccano que nous
ignorions évidemment
totalement et qui d’ailleurs s’ignoraient entre eux : Michel Delannoy, Yves
Flamand (un précurseur dans la construction des manèges d’autos tamponneuses)
et Ulysse Bachelard, un suisse, qui lui était bien connu des Ets Meccano de
Bobigny.
Les
choses devenaient sérieuses en comptabilisant en cette année 1968 ces cinq
mordus de ce jeu débusqué en France ! A cette initiative cette « grande famille
» se trouvait réunie par Georges dans son appartement du 20ème arrondissement et
une ambiance euphorique que nous n’aurions pu imaginer.
Les
trois images qui complètent cet historique témoignent de cette atmosphère qui,
pour le moins, n’engendrait pas la morosité !
D’autres
réunions suivirent toutes aussi empreintes de cette liesse qui caractérisèrent
les précédentes lorsque malheureusement la vie nous sépara en 1970. Il disparut
ensuite définitivement de la scène Meccano. Dans l’intervalle notre petit
groupe s’était enrichi de quelques autres fanatiques de ce jeu Meccano et
voulant éviter que cette nouvelle situation ne ternisse cette merveilleuse
ambiance dont ils venaient d’être à leur tour imprégnés, je me risquais à
combler le vide créé par la perte de Georges.
Dans
un premier temps nous fumes néanmoins contraints d’observer une trêve sur le plan
des réunions mais la propagation de notre existence ne faisait par contre que
s’amplifier avec pour heureuse conséquence le « recrutement » de nouveaux
adeptes de ce jeu. Cet état de fait des plus prometteurs faisait office de
déclencheur pour concrétiser mon rêve d’organiser une réunion d’amis Meccano
dans la région lyonnaise. Cette première se tenait en 1972 dans mon appartement
de Vernaison suivie d’une seconde en 1973. Elles furent couronnées de succès en
dépit de la dispersion géographique des participants venus honorer ce coup
d’essai ! Cette ambiance de joie retrouvée me libérait d’une autre intention
dont je leur faisais part ; celle de nous regrouper au sein d’une Association
qui fut une idée approuvée instantanément et sans réserve.
J’entamais
dés lors à cet effet les démarches indispensables
auprès de la Société Meccano afin d’obtenir l’autorisation de faire figurer
dans la dénomination de cette association ce célèbre nom Meccano sans lequel
elle n’aurait eu aucun sens. Je me trouvais confronté aux exigences de monsieur
Hennequin président directeur général de la société de l’époque bien connu pour
ne pas être particulièrement indulgent. Je dus me rendre à cette évidence car
cette autorisation me fut accordée à la suite d’un échange de correspondances
qui ne dura pas moins de six mois et sous de strictes conditions à respecter à
la lettre.
Les
statuts de l’Association rédigés par notre regretté André Engel, et
préalablement visés par monsieur Hennequin étaient déposés en préfecture du
Rhône fin 1973 et notre association avait les honneurs du Journal officiel du 4
janvier 1974 sous le nom de : CLUB DES AMIS DU MECCANO. Mon idée avait fait son
chemin, le Club existait. Voici donc la partie historique « pré Club »
retracée, je vais passer le relais à notre ami Claude Lerouge qui avait rejoint
notre groupe en 1971 et bien connu pour m’avoir succédé à la présidence du Club
en 1999, qui va évoquer ses nombreux et passionnants souvenirs.
Maurice
Perraut CAM 0001
Si vous le voulez
bien, remontons le temps ensemble jusqu’à la fin de 1944, quelques mois après
la libération de Paris. Mon père m’emmène alors passage du Havre, un samedi
après-midi, près de la gare Saint Lazare à Paris pour y acheter des pièces
Meccano. C’est qu’il ne se vend plus de boîtes complètes. La pénurie de fer en
empêche la commercialisation. Nous ne pouvons récupérer que quelques pièces
rouillées, des bandes, des cornières et quelques autres pièces disparates. Mais
pas une seule pièce en laiton n’est disponible. Après que mon père les eut
grattées, repeintes aux pinceaux avec de la peinture dorée pour fourneaux,
elles rejoignent les pièces du Meccano de mon oncle que je possède déjà. On les
avait récupérées dans les Ardennes après le départ de l’occupant, puis le
pillage en règle de la maison des grands parents réquisitionnées jusqu’en 1942.
C’est ainsi que j’ai
pu commencer à rêver devant les manuels et surtout devant les notices de super
modèles d’avant-guerre. La grue pose blocs de béton n° 4 était alors mon «
phantasme » régulier et préféré. Ce fut le début de mon aventure en Pays
Meccano. Il n’y eut pas moyen de se procurer les pièces que l’on désirait
jusqu’en 1950, le contingentement du métal était très rigoureux. Je me souviens
vers 1948, d’avoir emmené deux copains de classe avec moi à la Source des
Inventions boulevard de Magenta pour y acheter chacun douze boulons. C’était la
quantité maximum par personne. En 1950, je pus me procurer ma première boîte
d’engrenages « B » dont j’étais très fier. Mais je dus stopper définitivement
mes activités « Meccaniques » pour cause d’études en 1951.
En 1967, marié,
père de famille, au premier Noël de mon fils, le cadeau de son parrain devait
consister en la boîte Meccano n° 1 de telle manière qu’avec les boîtes
complémentaires des années suivantes il puisse se constituer un beau matériel
pour ses dix ans. Mais le parrain généreux apporta la boîte n° 7. Ce fut moi
(évidemment !) qui l’ouvris et qui me dis qu’avec ce que je possédais déjà, et
qui était conservé pieusement chez mes parents, je pourrais compléter la boîte
n° 8 … Le doigt était passé dans l’engrenage et ne pourrait plus jamais en
ressortir. Ce fut le début de ma seconde aventure Meccano.
Par la suite, je
retournais boulevard des Capucines à Paris où se trouvait la boutique Meccano.
J’y retrouvais la dame qui nous fournissait si chichement après-guerre. Je m’y
procurais des pièces détachées et une boîte « Meccano Elec » qui venait de
sortir. C’est grâce à cette dame que j’eus le culot de me présenter à l’usine
qui se trouvait à Bobigny. On m’y dit qu’il existait des « fondus » de Meccano
qui construisaient des modèles merveilleux ; Ils me donnèrent l’adresse de
Central Train rue de Réaumur qui était à l’époque le grand revendeur de
Meccano. J’y appris l’existence de clubs étrangers principalement anglais, d’un
grand constructeur italien (Servetti) qui mettait sur
le marché des répliques de pièces dont la production avait cessé, d’un
constructeur suisse qui venait souvent les voir. Ma frénésie de construction
commença à ce moment. Ce n’était pas facile car j’étais en pleine activité et
mon métier ne me laissait guère de loisirs. Mais j’avais tellement envie de
cette grue n° 4 et surtout de construire des horloges qui sonnent !
En 1970, j’achetai
la boîte n° 9A qui me donnait accès au n° 10. Cette boîte était tellement belle
que je n’osais en démolir l’ordonnancement pendant plusieurs jours avant d’en
récupérer les pièces. Un peu plus tard en 1971, une petite annonce, reproduite
plus haut, parue dans le journal l’Aurore m’interpella vigoureusement. Coup de
téléphone immédiat, rendez-vous est pris avec un certain monsieur Perraut qui acceptait de venir à la maison. J’étais super
content car je cherchais partout (revendeurs, puces, brocantes) un grand
roulement à galets pour la dragline super modèle que je voulais construire.
J’allais pouvoir lui demander de m’aider à m’en procurer un !
Je me souviens
très bien de son arrivée chez moi. Sa première phrase fut « Je ne me suis pas
trompé d’étage en tout cas ! ». En face de la porte d’entrée trônait la pendule
super modèle n° 14A que je venais de terminer… Bien sûr ma demande de roulement
à galets fut vite réprimée par « vous ne pensez tout de même pas mettre dans un
modèle une pièce de collection de grande valeur ! ». Ce jour-là, j’appris
énormément de choses sur le système Meccano et sur ses idées de fonder un club
d’amis du Meccano et peut être d’y adjoindre un musée.
Début 1972, une
invitation envoyée par Maurice Perraut nous conviait
à une réunion à Vernaison en Avril. Nous ne fumes qu’une poignée à cette
manifestation, mais nous avons tous senti, ce jour-là, que ça n’allait pas en
rester là et que « l’avenir nous appartenait » !
C’est à cette
occasion que je découvris une chose très importante. Les adorateurs du Meccano
étaient de deux espèces : les collectionneurs et les constructeurs. Ce furent
d’ailleurs ces derniers qui eurent l’idée de se regrouper pour pouvoir
rencontrer le plus grand nombre de gens possible afin d’agrandir leur champ
d’investigation. Leur soif était alors insatiable. C’est qu’à cette époque il y
avait énormément de Meccano ancien stocké depuis la guerre dans des greniers où
des arrière-boutiques. Ces assoiffés de la belle pièce faisaient ainsi
ressortir le Meccano de son oubli. Car pour une pièce ancienne convoitée
retrouvée au milieu d’un stock, que de pièces pouvaient contenter les constructeurs
que nous étions ! C’est ainsi que nos deux espèces se nourrissaient l’une
l’autre. Collectionneurs et constructeurs se complétaient en se rendant service
mutuellement.
Dans une brocante
parisienne, je trouvai un jour plusieurs canots Hornby en parfait état dans
leur boîte d’origine qui firent le bonheur de notre ami Robert Goirand et en retour lui me procura un bon nombre de pièces
détachées. C’est un an plus tard après la seconde réunion à Vernaison qu’allait
être créé le Club des Amis du Meccano. C’est à l’occasion de cette réunion que
je fis la connaissance de Paul Belgodère qui vint s’y présenter. Paul était un
agrégé de mathématiques directeur de la bibliothèque de l’institut Henri Poincarré à Paris. Nous nouâmes des liens étroits avec lui
et sa femme Odette. C’était un puits d’érudition et il nous aida beaucoup dans
l’approfondissement de nos connaissances « Meccaniques ». Il était un fervent
collectionneur et courait toutes les brocantes de la région parisienne. Il y
trouvait un grand nombre d’objets de valeur. Il construisait très peu
cependant. Lui aussi me permit d’augmenter mon stock de pièces détachées. En
même temps que Paul Belgodère nous fîmes la connaissance d’un ami de Maurice Perraut : Raymond Franceuse.
Raymond était un grand connaisseur de Meccano, constructeur et collectionneur.
Mais son handicap l’empêchait de travailler et ses très faibles revenus de se
procurer les pièces de collection dont il rêvait. Il éditait un « Fanzine »
depuis plusieurs années où il écrivait des articles très documentés à la fois
sur le système Meccano, l’armée et les transports (ferroviaires, aériens,
terrestres et maritimes). Son journal était entièrement fait à la main :
calligraphié et illustré de photos collées. Lui aussi fut un ami très cher que
nous aimions aller visiter en fin de semaine. C’était un voisin de Michel
Delannoy, l’un des membres fondateurs de notre club. Grâce à lui il put se
rendre en Angleterre à Henley on Thames ou se tenait
une exposition de modèles Meccano prestigieuse organisée chaque année par Geoff
Wright le propriétaire de M.W. Models qui était
devenu un de nos principaux fournisseurs de pièces détachées (surtout en ce qui
concerne les répliques de pièces obsolètes).
Aux deux premières
réunions de Vernaison j’avais bien sûr remarqué et admiré un invité de marque.
Il nous fut présenté comme un ami de la première heure et un constructeur hors
pair de modèles très élaborés. Il s’agissait d’Ulysse Bachelard. C’était un
Zurichois. Il fréquentait régulièrement la Maison Meccano où il avait ses
grandes et petites entrées. C’était réellement la vedette de ces réunions. Déjà
sa tenue le distinguait. Il portait en toute circonstance, été comme hiver, un
short d’athlétisme (rouge l’hiver et blanc l’été), chemisette blanche et
chaussures de montagnard. Sa façon de parler avec un rude accent zurichois
accentuait encore la sûreté de son propos sur la qualité de ses constructions.
Il utilisait volontiers le mot de « ferraille » pour les autres modèles qu’il
apercevait. Mais, c’était quand même un personnage très attachant et qui
s’attachait facilement.
C’est ainsi qu’il
me fit l’honneur de répondre à ma première invitation. Un soir où je n’osais
évidemment pas lui montrer mes réalisations qui n’étaient évidemment pas dignes
de lui, il amena avec lui un bogie de grue pose blocs, parfaitement bien
construit. Ce soir-là je pris (réellement) une leçon de construction meccano.
Il est certain que je n’ai plus construit de la même façon après. Equerrage,
serrage, utilisation des pièces devinrent plus réfléchis. Je sus grâce à lui
détailler les principes fondamentaux de réalisation d’un modèle Meccano
parfaitement fonctionnel. De ce jour nous devînmes inséparables. Il est vrai
que j’habitais alors à cent mètres de la Société Meccano et qu’il y venait souvent…
Nous prîmes donc l’habitude de son coup de sonnette à huit heures du matin et
étions très honorés de lui offrir le petit déjeuner avant de conduire les
enfants à l’école et de partir pour le travail.
Toujours en début
1974, un de nos amis présents dès le début à Vernaison nous fit le plaisir de
nous réunir pour notre premier congrès à Poitiers. Jacques Olivet nous invita à
passer deux jours chez lui pour célébrer meccano. Ce fut le premier congrès
officiel du C.A.M. Nous n’étions que dix membres présents, mais quel
enthousiasme ! Les conversations, les échanges d’informations entre
collectionneurs et constructeurs se continuèrent tard le soir.
Claude Lerouge et
Ulysse Bachelard Les congressistes
à Poitiers en 1974
Le dimanche après
un banquet bien sympathique, nos femmes présentent furent célébrées par un
toast les remerciant de leur participation, leur patience (et il leur en faut
!) et leur compréhension. Notre hôte nous présenta ses modèles. Certains
avaient apporté les leurs ainsi que des pièces détachées anciennes, de la
littérature et même un présentoir Meccano qui en fit « baver d’envie » plus
d’un. Mes visites à la Société Meccano, celles d’Ulysse Bachelard et Paul
Belgodère eurent pour effet de sensibiliser le staff à notre club. Le directeur
commercial monsieur Chanu se trouva intéressé par notre action. Moi, j’avais ma
petite idée derrière la tête et mon but était de leur faire admettre
d’organiser le prochain congrès de 1975, rue du Maroc en plein sanctuaire
Meccano. Petit à petit l’idée se concrétisa et c’est comme cela que je pus
organiser la réunion de l’Ascension dans les locaux de Meccano.
J’en profitais
pour inviter nos amis rédacteurs anglais du « Meccano Engineer
» Mike Nikolls et Paul Smith. Dans la foulée
j’invitais aussi le grand constructeur Bert Love à venir nous rejoindre. Je fus
très heureux de leur acceptation à tous les trois. Bill Roberts, sa femme et
son fils nous firent également le plaisir de venir à paris. Les deux journées
de notre congrès restent un très grand souvenir pour ceux d’entre nous qui les
ont vécues.
Maurice Perraut eut des discussions nombreuses (et difficiles en
franglais) avec Bert Love. Les modèles apportés, les documentations et les représentants
de Meccano nous apportèrent de conséquentes informations.
Nous y fîmes la
connaissance d’un nouveau membre qui était Georges Gombert. Il avait apporté
avec lui un calendrier perpétuel qui fit notre admiration et particulièrement
celle de Bert Love qui devait le décrire un an après dans le Meccano Magazine
anglais. Georges était alors un artisan réparateur, concepteur de matériel
audio-visuels et horlogers.
Georges Gombert et deux
calendriers perpétuels
Claude et Jean-Paul Lerouge, Claude Gobez et Paul Belgodère
Il avait de l’or
dans les doigts et était d’une précision extrême. Il nous parla ce jour-là d’un
appareil étrange qu’il était en train de construire : un comput ecclésiastique.
Il tenta de nous en expliquer le principe de fonctionnement mais nous fûmes
complètement dépassés par sa démonstration… Il devait devenir un de nos
meilleurs amis et un de nos maîtres à penser. Les années suivantes, ce fut lui
qui nous apprit l’horlogerie Meccano et qui me permit (ainsi qu’à Claude Gobez)
de réaliser les horloges Meccano que nous devions avoir la joie de construire
par la suite. Il venait alors souvent à Paris et nous étions très heureux de le
recevoir car il s’intéressait réellement à ce que nous faisions et nous
abreuvait toujours de très bons conseils pour nos constructions. Ce congrès de
Paris se termina dans l’enchantement et nous montra la voie à suivre pour les
années suivantes. Ce fut à partir de cette année là
que le Club des Amis du Meccano démarra réellement et prit ensuite l’envol que
l’on sait.
Fin aout 75, Paul
Belgodère et Odette, Ulysse Bachelard, Charles Brocard et son épouse, ma femme
et mes enfants nous retrouvâmes à Henley pour l’exposition annuelle. Ce fut
pour moi la découverte d’une exposition magnifique, grandiose, très fréquentée,
pleine de modèles très élaborés. De nombreux collectionneurs étaient présents
ainsi que la Société Meccano anglaise qui présentait ses productions.
Cette
manifestation parfaitement annoncée dans la presse, avec des affiches en ville
et des fléchages drainait un nombre considérable de visiteurs. Au fond de
nous-mêmes, nous nous demandions si nous pourrions en faire autant en France
(mais nous n’allions pas tarder à en relever le défi !). Nous profitâmes de
cette réunion pour affiner nos relations avec nos amis anglais. Nous devions
nous revoir souvent les uns les autres au cours de nos voyages respectifs et ce
pendant encore de très longues années.
La fin 75 et le
début 76 furent actifs puisque de nombreux sympathisants se manifestèrent et
s’inscrivirent à notre Club. Ce fut l’occasion pour nous en Ile de France
d’étendre notre champ d’action. Paul Belgodère fut le premier à organiser des
réunions de membres à son domicile. Madame Belgodère nous préparait alors de
superbes tartes aux pommes tandis que nous discutions ardemment de Meccano
parmi les trésors amoncelés par Paul. Malheureusement mai 76 vit la disparition
prématurée de notre grand ami Raymond Franceuse.
C’est bien
orphelin que nous nous rendions cette année-là à l’exposition que Maurice Perraut organisait dans les locaux de son auto-école à
Brignais. Nous n’étions pas encore très nombreux mais un article paru dans « Le
Progrès » nous amena, à notre grande surprise, un certain nombre de visiteurs
fort intéressés et impressionnés. C’est que nous étions déterminés à élargir
nos congrès et à les transformer en expositions nationales. Cela fut fait grâce
à deux membres de Nancy, Messieurs Raymond et Didier qui organisèrent la
première exposition vraiment publique dans les Galeries Poirel
l’année suivante en 1977.
Aimé Jordan à l’exposition de
Nancy Maurice Perraut, Bert Love, Mmes Love et Roberts à Paris en 1975
Nous
pûmes mesurer l’impact du système Meccano sur le public puisque la foule vint
nombreuse à cette exposition. Maurice Perraut eut
ainsi la surprise d’y rencontrer un visiteur d’âge respectable monsieur Pierre Chardot. Celui-ci se promenait dans les allées avec un
fascicule ancien qui prouvait qu’il avait été le premier prix du premier
concours international organisé par la Société Meccano en 1914. Son prix de
vingt Louis d’Or lui fut alors remis à Verdun !
La
Société Meccano y avait délégué monsieur Delalin avec
de superbes modèles animés et de vitrines. De nouveaux constructeurs nous
firent profiter de réalisations très intéressantes. Je ne citerai qu’Alex
Garcia, artiste peintre original dont les modèles étaient toujours très
artistiques, Aimé Jordan qui n’avait peur de rien et construisait des modèles
gigantesques et Jacques Thibault d’une activité toujours débordante. Le bilan
de ces journées fut très positif pour le club qui décida de continuer dans cette
voie.
Mais
le challenge fit peur à beaucoup et en 1978 personne ne se décida à retenter
l’expérience. Je me joignis donc à Paul Belgodère qui nous accueillit deux
jours pour un nouveau congrès dans les locaux de la bibliothèque de l’institut
Henri Poincarré. Toujours le même enthousiasme et la
même satisfaction.
C’est
à André Barbe que nous devons la deuxième grande exposition qui se tint à
Voiron en 1979. Exposition devenue internationale par la grâce des membres
anglais venus en nombre, aux italiens et à notre suisse emblématique. D’année
en année notre exposition s’étoffait et les complexes que nous éprouvions en 75
vis-à-vis de l’exposition de Henley disparaissaient peu à peu chaque année. Le
succès s’affirmait régulièrement. Les articles de journaux et le nombre de
visiteurs en témoignaient aisément. Dès Voiron notre ami Aimé Jordan put
annoncer la prochaine exposition chez lui à Altkirch en 1980. Là aussi le
succès fut à la hauteur de nos ambitions et était finalement le résultat du
dévouement des membres qui n’hésitaient pas à promouvoir le Club tout au long
de l’année.
Finalement
notre aventure au sein du Club des Amis du Meccano fut, en fait, surtout le
produit de rencontres humaines. Des relations de forte amitié dans certains
cas, en tout état de cause des rencontres fructueuses pour chacun. Tous ces
hommes qui ont fait le CAM ont à leur manière apporté une pierre à l’édifice,
chacun dans son domaine. Les constructeurs et les collectionneurs, deux espèces
différentes pourtant, se sont complétées et forment maintenant une seule entité
: Les amis de ce système Meccano qui nous a fait tellement rêver et qui nous
réunit maintenant depuis 44 ans et je l’espère, pour les nouveaux membres,
pendant encore de nombreuses années.
Claude
Lerouge CAM 0019
SUITE
DE L’HISTOIRE DU CLUB DES AMIS DU MECCANO
Par
Jean Max Esteve, Claude Gobez et Jean-François Nauroy
Adhérent
du Club des Amis du Meccano depuis 1977, je n’avais de cesse de trouver des
pièces dorées, alors que depuis 1969 elles n’étaient plus fabriquées. Par le
plus grand des hasards, furetant dans les rayons d’un grand magasin situé face
au pont Neuf à Paris, je fus amené à me promener au deuxième étage aux rayons
des jouets. Surprise, mes yeux découvrirent une grande armoire dotée de deux
vitrines à l’intérieur desquelles se trouvaient des pièces détachées de
Meccano. C’est à cette occasion que je fis la connaissance d’une dame
spécialiste de cette discipline, madame Simone Lessard, aussi grande que son
armoire Meccano et tout aussi avenante.
Bien
évidemment mes visites à la Samaritaine au rayon Meccano furent nombreuses, et
c’est ainsi que petit à petit des liens se tissèrent, et qu’un jour, au mois de
mai 1982, ensemble, nous sommes allés visiter l’exposition qu’organisait
monsieur Dromard pour le Club des Amis du Meccano. A
la fois constructeur et collectionneur, je cherchais par tous les honnêtes
moyens à en savoir plus sur l’histoire du Meccano, et surtout je désirais
connaître les personnes fabriquant ces magnifiques modèles pour les vitrines
des Grands magasins. Rendez-vous fut pris par madame Lessard auprès des
ingénieurs monteurs de la rue du Maroc, et c’est ainsi qu’un mardi en février
de l’année 1984 je fus accueilli fort aimablement par les frères Delalin et madame Francini.
C’était
l’époque où ces monteurs démontaient les modèles construits à l’occasion des
fêtes de Noël. Quelle dextérité ils avaient. Malheureusement à cette époque la
fin des ateliers Meccano à cette adresse d’approchait. Soudain, curieusement
d’énormes bruits de ferrailles se firent entendre, regardant par la fenêtre je
vis des employés jeter dans une benne d’énormes quantités de ces pièces dorées
tant recherchées : grandes cornières, poutrelles plates, plaques rigides, etc.
???... Permission accordée entendis je, et
c’est ainsi que je revins, fortement plus lourd qu’à l’aller, à mon atelier
dans le sixième arrondissement.
Les
années passèrent, le nom de Jean Esteve Objets. se répandit dans tout l’hexagone, jusqu’à un jour de 1986 où
un certain Jean-Stéphane Chappelon me suggéra de
créer une section Meccano Francilienne. L’idée fit son chemin, des questions
furent posées aux possibles intervenants et c’est ainsi qu’en janvier 1987 la
première réunion de la Section Francilienne du Club des Amis du Meccano eut
lieu au 3 de la rue Jacques Callot dans le sixième arrondissement à Paris. Par
la suite d’autres sections furent créées dans toute la France.
Jean
Max Esteve CAM 0090
L’HISTOIRE NE S’ARRÊTE PAS LÀ
En
2000 création de la rubrique : Odeur du Papier, concerne des publications
réalisées par les constructeurs-rédacteurs. La notice n°1 que l’on doit à
Claude Lerouge fut réalisée à l’époque à la machine à écrire. Tous les textes
étaient en recto-verso et les photos étaient simplement collées sur les
feuilles A4. Après recherche d’un imprimeur pour obtenir un résultat
professionnel, la notice fut reproduite et mise en vente par le CAM sous la
présidence de Maurice Perraut en septembre 1981.
La rubrique
« Odeur du Papier » fut créée dans notre magazine par Claude Lerouge. A
l’origine chacun des membres pouvait vendre ses propres documents. Mais très
vite cette liste diminua. Claude propose alors trois autres de ses écrits et en
donna tous les droits au Club. Il fut alors décidé que tous ces manuscrits
seraient mis en vente uniquement au profit du Club. Puis Jean Max Esteve me transmit des textes de Louis Fouqué, ce qui me
permit de réaliser deux autres notices. Moi-même je disposais de très nombreux
documents de Georges Quentin, qui aujourd’hui n’ont pas encore tous été
publiés. D’autres Amis du CAM ont, depuis permis la réalisation de plus de
soixante notices.
La
rubrique « Odeur du papier » parait bien souvent en encart dans le magazine. Et
aujourd’hui on la retrouve sur le site du CAM – www.club-amis-meccano.net
Claude
Gobez CAM 0072
SUITE
ET A SUIVRE
Revue
de presse, relations, et les autres clubs :
Il y a
dans le monde près de 30 clubs Meccano actifs et les ¾ sont anglophones.
Quasiment tous émettent un bulletin. Avec les magazines publiés par des
indépendants de l’ISM (International Society of Meccanomen),
cela représente environ 500 pages de Meccano tous les trimestres,
essentiellement en papier, mais certains éditent et diffusent également des
versions PDF de leurs bulletins. Le nombre des adhérents par Club varie entre
50 et 750. Le CAM est le plus important. Le CAM a toujours eu des liens avec
les Clubs voisins, Anglais, Italiens, Suisses, Espagnols… se matérialisant
notamment par des échanges de magazines. Actuellement le CAM échange avec 11
Clubs. Une revue de presse initiée par Willy Dewulf
en 2006 donne le contenu succinct des articles parus dans chaque magazine.
Jean-François
Nauroy CAM 1332
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