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Mémoire de la Fée Electrique

 

En ce début du 20ième siècle, l’électricité fait bien timidement ses débuts, le réseau est à peine ébauché.

Il faut attendre les années 1920, avec l’apparition des lampes à incandescence pour que l’électricité commence à arriver dans chaque foyer.

D’abord dans les grandes villes puis les communes de moindre importances, les villages et même les campagnes.

Cela s’est fait progressivement pendant ces années 1920-1930.

Mais qu’y avait-il avant… ?

 

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Dès 1830 des usines à gaz commencent à apparaître dans les villes ; tout un réseau de tuyauterie s’installe pour desservir des lampadaires dans les capitales.

 

 

Les maisons bourgeoises, à leur tour, s’éclairent progressivement au gaz. Chaque pièce avait son bec de gaz que l’on allumait le soir.

L’allumeur de réverbère devient une figure incontournable à Paris. En 1880 on dénombre 9000 becs de gaz dans les rues de Paris.

Ce type d’éclairage va subsister jusque dans les années 1930…

 

      

 

Ce n’est qu’en 1890 que l’on découvre les lampes à arc.

Cet éclairage électrique est très puissant, mais les charbons s’usent très rapidement et doivent être changés souvent.

 

    

 

Ce type d’éclairage ne pouvait pas être utilisé dans les maisons.

Alors dans les quartiers plus pauvres, dans les villages et en campagne, la bougie ou la chandelle, était ce qu’il y avait de plus pratique.

Des bougeoirs individuels permettaient de circuler dans la maison et de monter se coucher.

Mais il y avait aussi les chandeliers à 4 ou 5 branches de chaque côté de la pendule, sur la cheminée. Ceux-là, on ne les allumait que pour les grandes occasions…

Il y avait aussi toute une panoplie d’autres systèmes d’éclairage oubliés depuis bien longtemps…

Les lampes à Pétrole, les lampes à manchon Tito-Landi fonctionnant à vapeur d’alcool, les lampes et bougies Pigeon à essence, garanties inexplosibles.

                                 

Dans la cuisine, c’était la pièce de vie de la maison ; l’enfant faisait ses devoirs sur un coin de la table, éclairé par une bougie.

La maman cuisinait à côté avec parfois une deuxième bougie placée sur la cheminée, pour éclairer la cuisinière.

Le père, assis dans un fauteuil en rotin non loin profitait de ce faible éclairage pour lire son journal.

 

Il n’y a pas que l’éclairage publique qui nécessite l’utilisation de l’électricité en ce début de siècle.

En 1898, la Compagnie du Paris Orléans, dont la gare d’Austerlitz est un peu excentrée, décide de prolonger sa ligne vers le centre de Paris jusqu’à la nouvelle gare d’Orsay.

Ce prolongement souterrain, nécessite des locos électriques. Huit locos E1 à E8 de type BB seront fournies par les Etats-Unis entre 1900 et 1904.

Elles resteront célèbres pour leur forme qui leur a valu le surnom de Boîtes à Sel repris par JeP, LR… La ligne fut inaugurée le 28 mai 1900, pour l'Exposition Universelle de 1900.

Cette ligne est fournie en courant continu 600 volts par un troisième rail parallèle à la voie, comme pour le métro et par la suite par un rail au plafond du tunnel et un très petit pantographe.

Dans sa version initiale, la vitesse maximale sur cette ligne était 70km/h ; elle fut retirée du service en 1966.

Et il y eut aussi de nombreux jouets électriques entre 1900 et l914 : petits moteurs, coffrets d’expériences électriques, trains électriques etc…

A défaut de courant électrique dans les maisons, ces jeux étaient livrés avec des piles.

Pas les piles plates que nous connaissons, mais de Grosses Piles en Verre que les enfants remplissaient eux même.

L’acide sulfurique, le bichromate de potassium etc… étaient fournis avec ces jeux.

Les piles au Bichromate de Potassium débitaient 2 volts mais avec une grosse puissance… 3 ou 4 ampères sans problème.

 

       

 

 

Et puis après la guerre, au début des années 1920 sont arrivées les lampes à filament incandescent. Les premiers essais ne furent pas très concluants.

Même dans le vide le filament grillait trop rapidement ; il faut dire que le vide était bien rarement parfait et les filaments de carbone trop fragiles.

Il a fallu trouver un gaz neutre pour remplacer le vide, et le tungstène pour remplacer le carbone.

Mais progressivement, d’abord dans les villes, puis les villages et même les campagnes, chaque foyer expérimentait ce nouvel éclairage.

 

Merveille des merveilles, quand une ampoule de 30 bougies (ou candéla) soit environ 40 watts pouvait brillamment éclairer toute une pièce.

En 2000, on utilisait au moins 2 ampoules de 100 watts pour la même pièce.

En 2010, 2 ampoules à tube fluorescent de 17 watts donnent le même éclairage.

Aujourd’hui, en 2020, 4 ampoules LED de 5 watts nous donne le même résultat.

 

Il y a un siècle, après s’être contenté d’une ou deux bougies, cette petite ampoule de 30 bougies suffisait à éclairer la cuisine.

Placée au bout d’un fil, au-dessus de la table, cette lampe pouvait monter et descendre selon les besoins à l’aide d’un contrepoids.

 

                           

 

Ces premières installations électriques se réduisaient au strict minimum : Un Interrupteur près de la porte de chaque pièce et une ampoule au centre du plafond.

 

     

 

C’était plus que suffisant pour ceux qui n’avaient connu qu’une bougie pour s’éclairer.

Il n’y avait encore que très peu d’appareil nécessitant l’électricité, alors à quoi bon mettre des prises de courant dans les maisons.

Il est vrai que dans les usines des moteurs électriques commençaient à équiper les ateliers, les prises y étaient nécessaires, mais à la maison…

Et pourtant… Il y avait le moteur Meccano du gamin à brancher.

Alors on sortait la lampe à pétrole, on retirait l’ampoule de la cuisine et on la remplaçait par la fiche baïonnette du moteur.

 

 

     

 

Et si le moteur nécessitait un courant plus faible, une simple ampoule en série servait de transfo.

 

 

 

 

C’est ainsi que les Trains Hornby, JeP et bien d’autres, fonctionnaient directement sur le 110 volts… 90 volts dans l’ampoule et 20 volts dans la loco.

Mais attention, en cas de déraillement, ce sont 110 volts dans les doigts qui touchaient les rails.

 

On a vite compris qu’une telle installation ne suffisait pas.

Il fallait des systèmes de va-et-vient dans les couloirs, dans la chambre pour pouvoir éteindre le plafonnier depuis son lit.

Pour ce dernier point on a d’abord utilisé un Interrupteur au-dessus du lit près du plafond que l’on actionnait à l’aide d’une cordelette.

Par la suite on lui a préféré un Interrupteur en forme de Poire pendu au bout d’un fil torsadé.

 

 

        

 

Et surtout, il fallait des prises de courant car, dès le début des années 1930, de plus en plus d’appareils étaient électriques.

Les Douilles Voleuses suffisaient au début ; elles permettaient le branchement de deux appareils tout en conservant l’ampoule.

 

     

 

Mais rapidement on est passé aux prises murales. Il y eut d’abord le lampadaire du salon, les lampes de chevets sur les tables de nuit et le poste de TSF dans la salle à manger.

     

 

      

 

Puis on voit les premiers frigidaires, des tourne-disques électriques (phonographes) pour les 78 tours.

Pour les vrais amateurs de musique, un simple pick-up suffisait : il utilisait le poste de TSF comme amplificateur.

Madame n’était pas oubliée ; des moteurs pouvaient s’adapter à tous les types de machine à coudre…

Et fini la corvée du fer à repasser chauffé sur la cuisinière, le fer électrique les remplaçait avantageusement.

Une résistance enroulée autour d’une plaque d’amiante ou de mica et glissée dans la semelle du fer suffisait pour la chauffer.

J’ai même souvenir d’un chauffe-eau portatif utilisant le même principe avec un serpentin contre la résistance.

C’était un petit bloc carré d’environ 12cm sur une épaisseur de 3cm, de couleur verdâtre.

Il était raccordé au robinet par un tuyau de caoutchouc et, à l’autre bout, s’écoulait un mince filet d’eau tiède … Mais attention aux décharges… ! C’était fréquent.

Je me souviens aussi d’un allume-feu près de la cheminé et branché à une prise de courant toute proche.

C’était un petit cadre en bakélite avec un réservoir d’essence à la base. Il y avait une fente verticale en son centre et deux peignes métalliques en quinconce y étaient visibles

Un tube métallique portant une mèche en coton et muni d’une poignée à l’autre extrémité plongeait dans le réservoir comme un porte-plume dans son encrier.

On saisissait la poignée et l’on frottait vigoureusement le tube de métal sur les peignes.

Le court-circuit qui en résultait produisait une belle gerbe d’étincelle qui enflammait la mèche imbibée d’essence.

Heureusement qu’il n’y avait pas de disjoncteur différentiel à cette époque.

Cette belle flamme permettait d’allumer la cuisinière ou parfois la gazinière.

Cet allume-feu d’une époque révolue a vite été remplacé par un allume-gaz électrique toujours branché à la prise de la cheminée.

Son long fil lui permettait d’atteindre la gazinière où une petite gerbe d’étincelle pouvait allumer les feux.

 

Mais assez parlé de tous ces appareils qui ont été si importants pour nos grands-parents, il faut pensers à l’Installation de ces fils électriques.

Partant d’un gros isolateur en verre, chacun des deux fils rejoignait un petit isolateur en porcelaine à l’entrée de la maison.

 

Puis c’était l’arrivée au compteur.

Les compteurs de l’époque étaient à aiguilles avec 6 petits cadrans ; plus tard dans les années1950, ils étaient à cylindre gradués rotatifs.

Un système de démultiplication par engrenage entrainait les aiguilles ou les cylindres.

          

 

Ce n’est que beaucoup plus tard qu’ils furent digitaux.

 

Juste après le compteur on avait la manette générale ; elle était, le plus souvent, sur un support en porcelaine, dans un boitier en bois vitré.

Puis il y avait les boîtes à fusible (les plombs) toujours dans un boîtier en porcelaine. On y attachait un fil de plomb, plus ou moins gros selon le besoin.

Ces fusibles étaient souvent à la sortie du compteur, parfois à l’entrée des pièces.

 

            

 

Dans les années 1920-1930, les fils le plus souvent en cuivre étaient soit rigides, soit souples et tressés.

Ils étaient le plus souvent gainés de caoutchouc puis recouverts de coton.

Dans ces conditions, une pince à dénuder serait inefficace, Alors, le plus souvent on brûlait la gaine avec une allumette ou une bougie.

Pour la pose, les fils simples, rigides étaient placés dans les sillons d’une baguette en bois recouverte d’une autre baguette de bois plus mince.

Il n’y avait pas grande différence avec les baguettes de PVC utilisées aujourd’hui.

Mais pour les fils doubles ou triples c’était tout autre chose :

Ils se fixaient assez facilement à l’aide de petits Isolateurs en buis ou en os fixés au mur par des vis ou des pointes.

 

 

 Pour les raccordements entre deux ou plusieurs fils, les boîtes de dérivation et les dominos étaient également en porcelaine.

 

 

Quand on compare cette électricité avec celle d’aujourd’hui, il y a bien peu d’objets qui passeraient au crible des normes modernes

Et pourtant il y avait une réelle recherche d’esthétique pour ces ustensiles nouveau pour l’époque : des matériaux nobles, acajou, buis, os, porcelaine et laiton.

Même les sonnettes d’entrée tout en acajou avec leur bobinage sous couvert coton vert et la cloche en bronze, toujours bien astiquées.

Ce petit livre date de 1960 ; on constate que les techniques d’installation n’ont que très peu évoluées depuis les années 1930.

Et pourtant, l’esprit de la fée électrique n’est plus là, l’ère du plastique a commencé.

Fini la porcelaine… fini le bois… interrupteurs, prises et dominos sont en plastique blanc, jaunissant avec le temps et tout est à l’avenant.

Les baguettes en bois sont toujours là, mais des tubes métalliques avec intérieur isolé les remplacent progressivement.

 

 

Et bientôt ce sera le PVC qui sera utilisé de toutes les façons possibles pour ce type d’installation.

 

 

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